Définir sa stratégie produit

La stratégie produit est l’étape clé pour réussir un projet de produit numérique. Il est important de comprendre les enjeux pour créer une stratégie efficace, en se basant sur des données objectives et en mettant les utilisateurs au centre de la démarche. Il est important de définir l’ambition, la vision, la mission, la stratégie, l’objectif et le projet, ainsi que les KPI et les risques associés sans se focaliser sur les croyances et biais que notre expérience a pu nous apporter. Il est également important de prendre en compte les aspects qualitatifs, tels que la satisfaction des utilisateurs, pour maximiser les chances de succès.

L’important ici est de comprendre que nous ne sommes pas nos utilisateurs. Les placer au centre de la conception de notre stratégie est donc essentiel. 

Ici, nous allons vous présenter la méthode que nous utilisons pour accompagner nos clients dans la définition de leur stratégie produit. Pouvant aller de la définition de l’ambition du projet jusqu’à la création d’un prototype UX/UI le plus proche possible du comportement réel du futur produit.  

Définition de l’ambition et de la vision produit

“Visualiser la fin, pour mieux penser le chemin”

Cette première étape va consister à définir les grandes orientations de notre produit. Pour cela, nous allons définir les éléments suivants : 

La vision > la mission > la stratégie > l’objectif > le projet 

  • La vision : le monde de demain
  • La mission : le rôle de l’entreprise pour arriver au monde de demain
  • La stratégie : le chemin à parcourir par l’entreprise pour incarner notre mission
  • L’objectif : la prochaine étape à atteindre pour nous rapprocher de notre stratégie
  • Le projet : l’action que nous allons mener pour atteindre cet objectif

L’impact que l’on cherche à atteindre

  • Ici, nous allons chercher à définir ce qui justifierait que notre projet soit un succès. L’important à cette étape est de se baser sur des choses concrètes et mesurables. En effet, plus les KPI seront précis, plus nous aurons de facilité à suivre la performance de notre futur produit. 
    De plus, l’avantage de définir le plus tôt possible les objectifs que notre futur produit devra remplir permet de les avoir en tête à toutes les étapes de la conception. 
    En plus de la définition du KPI, il est également important de préciser le niveau que nous cherchons à atteindre sur ce KPI précis. Par exemple, augmenter un CTR de 5% n’a pas du tout la même ambition que de l’augmenter de 30%. Les moyens pour y parvenir étant complètement différents, notre stratégie produit devra donc s’y adapter. 
  • À noter que des objectifs qualitatifs peuvent ainsi être définis. En effet, augmenter le panier moyen de nos utilisateurs sur un produit e-commerce ne doit pas être le seul objectif. Plus globalement (et même s’il s’agit d’objectifs priorisés comme secondaires), la satisfaction de nos utilisateurs va souvent permettre d’augmenter notre performance sur nos KPI primaires. Les deux doivent idéalement être pris en compte.

Le ou les risque.s que nous sommes prêts à prendre

  • Ici, il s’agit de l’inverse de nos critères de succès. Des dommages collatéraux peuvent en effet être liés au lancement d’un nouveau produit : cannibalisation entre plusieurs produits d’une gamme, baisse des efforts ou investissements sur d’autres produits du fait de la charge de travail ou du budget lié au nouveau produit développé, etc. en sont des exemples. 
  • Il est donc important de savoir jusqu’où nous sommes prêts à aller, de manière à être informé des limites de notre projet. 
  • Si possible, définir également à ces critères et éléments de mesure qui permettront de mieux appréhender le cadre de notre projet. 

Le temps et le budget que l’on souhaite allouer au projet

  • À cette étape, nous allons définir le temps de travail que nous souhaitons passer sur le développement de notre produit. Que ce soit sur la partie Discovery ou sur la Delivery, différentes compétences seront nécessaires. Nous allons ainsi chercher à chiffrer le temps passé par chacun des acteurs de manière à pouvoir ensuite définir un planning pour notre projet. 

La plupart du temps, il s’agit d’éléments que nous définissons lors de la phase d’avant-vente ou lors d’ateliers avec nos clients. Ces derniers ont l’avantage de réunir l’ensemble des parties prenantes autour de la table, afin de s’accorder sur la stratégie à mettre en place. 

L’UX Research 

Avoir une vision centrée utilisateur (user-centric) 

Comme évoqué dans l’introduction de cette page, cette étape de recherche utilisateur est indispensable. Elle permet en effet de baser notre analyse sur des données objectives. Qu’elles soient qualitatives ou quantitatives, ces données nous permettront de mieux comprendre, soit le comportement de nos utilisateurs vis-à-vis d’un produit existant, soit les besoins ou points de douleurs que nos futurs utilisateurs et clients cherchent actuellement à contourner, sans avoir de produit correspondant. 

De nombreux moyens sont à notre disposition pour obtenir des données provenant de nos utilisateurs. 

Des moyens quantitatifs : 

  • Questionnaire / survey quantitatif basé sur un échantillon représentatif des futurs utilisateurs 
  • Test d’usabilité de produits concurrents sur un échantillon important de testeurs 
  • Notes sur les app stores
  • Analyse data via un outil d’analytics (lorsqu’il s’agit d’un produit existant)

Des moyens qualitatifs : 

  • Interviews d’utilisateurs 
  • Retours provenant du service client
  • Commentaires sur les app stores
  • Test d’usabilité de produits concurrents sur un échantillon restreint de testeurs
  • Heatmap / Session recording

Définition des cibles et persona

Qui sont nos utilisateurs et ont-ils tous les mêmes besoins ? 

Cette étape consiste à définir la granularité la plus fine (et la plus large) de nos différents types d’utilisateurs. Généralement traitée lors d’un atelier avec nos clients, nous allons chercher à lister l’ensemble typologies d’utilisateurs que notre produit sera amené à adresser. 

3 niveaux de granularité : 

  1. La cible : c’est le plus grand ensemble dans lequel nous pouvons regrouper nos utilisateurs. Une répartition particulier / professionnel en est un exemple commun. 
  2. Le segment : il nous permet de regrouper plusieurs persona derrière une ou plusieurs caractéristiques communes 
  3. Le persona : selon Wikipédia, il s’agit d’une “personne fictive dotée d’attributs et de caractéristiques sociales et psychologiques et qui représente un groupe cible.” Plus concrètement, un persona est une personne (fictive) très proche du réel. Nous pouvons même aller jusqu’à la nommer. L’important ici va être de connaître ses problématiques, ses besoins et ses plus grandes frustrations. 

La définition de l’ensemble de nos persona et des critères de différenciation qu’ils ont les un avec les autres vont nous permettre de mieux appréhender notre produit. Hiérarchiser ces persona vis-à-vis de notre stratégie va également nous aider à prioriser nos fonctionnalités et user stories, une fois le backlog posé. 

Les user flows ou mapping d’expériences

Le parcours de chacun de nos personas

Une fois nos persona définis, nous allons définir l’ensemble de leur parcours, de la première à la dernière étape. Ici, nous allons nous projeter dans l’ensemble des actions et interactions qu’ils auront avec le produit. 

On va donc lister les différents canaux d’entrées ainsi que les fonctionnalités auxquels nos utilisateurs seront exposés. Sous forme d’un parcours (ou user flow), nous allons cartographier les actions qui leur sont disponibles. 

À noter : ces user flows vont de plus nous permettre de définir les canaux à prioriser en ce qui concerne l’onboarding de nos utilisateurs. Nos persona ayant des besoins et craintes spécifiques, nous allons ici pouvoir y répondre au moment (et à l’endroit) les plus opportuns de leur parcours. 

Définition des objectifs quantitatifs ou KPIs 

À quoi mon produit va-t-il servir ? 

Définir les objectifs quantitatifs et les indicateurs de performance associés va nous permettre de répondre à cette question. 

À cette étape, il est encore un peu tôt pour définir le plan de taggage (ou plan de tracking) définitif. En effet, les écrans n’étant pas encore traités en UX/UI, nous ne pouvons pas savoir précisément par quel moyen ou trigger, nous pourrons déclencher les évènements dans notre Google ou Matomo Analytics. 

Par contre, nous pouvons déjà définir les objectifs que notre produit et l’ensemble des fonctionnalités serviront à atteindre. 

Encore une fois, plus tôt, nous définissons ces éléments, plus notre conception produit sera orientée vers de la performance. En effet, si les objectifs sont clairs, les moyens pour les atteindre en UX/UI seront plus concrets et donc plus simples à mettre en place. 

Ne pas avoir les écrans sous les yeux n’empêche cependant pas de se projeter sur la manière dont nous voulons déclencher les évènements. Par exemple, cela pourra aider à prioriser le fait de développer des pages de remerciements en fin de formulaire, de manière à tracker précisément nos ventes ou notre génération de leads. 

Benchmark produit

Ne pas tomber dans le panneau du “c’est sexy donc il me le faut !”

Le premier réflexe lorsqu’on fait un benchmark est de vouloir copier les concurrents ou acteurs du marché qui ont des solutions qui nous semblent sexy. Encore une fois, nous ne sommes pas nos utilisateurs ! 

Ce qui nous parait sexy peut n’avoir qu’un intérêt très faible auprès des utilisateurs finaux. Il faut ainsi avoir une idée précise des objectifs que nous allons chercher à atteindre avec notre produit, pour bien orienter notre benchmark. 

Lors des étapes précédentes de notre méthode, nous avons défini ces objectifs. Nous avons les idées claires sur ce que notre produit devra atteindre. Nous pouvons donc ouvrir notre benchmark à un réseau beaucoup plus grand que celui des concurrents directs. En effet, de nombreuses autres entreprises rencontrent les mêmes problématiques que celles que nous allons rencontrer sur le projet. 

Prenons l’exemple d’un module de planification type agenda : ici, les acteurs les plus performants ne sont pas nécessairement ceux qui appartiennent au même secteur que le nôtre. En effet, d’autres types de produits comme des CRM ou des e-commerces peuvent avoir des solutions beaucoup plus évoluées. 

Connaître les grandes briques qui vont constituer notre produit nous permet d’orienter notre benchmark sur les briques en elles-mêmes plutôt que sur les concurrents directs. 

Définition des opportunités et contraintes techniques

Confronter nos idées à la réalité 

Souvent à cette étape, nous commençons à avoir une idée plutôt claire de ce à quoi notre produit devrait ressembler. Sauf que nous n’avons pas encore vérifié que la totalité de nos idées étaient réalisables. 

Ici, nous allons donc parler des éléments suivants : 

  • problématiques d’architecture
  • indisponibilité des données
  • complexité de certaines interactions
  • dépendances techniques
  • connexion avec des services tiers

Répondre à ces questions va nous permettre de définir le socle technique de notre produit. De plus, la connaissance de notre socle technique nous permettra de définir le framework sur lequel nous allons travailler. Une fois le framework défini, nous pourrons ainsi choisir le Design system et la librairie de composants les plus adaptés. 

Le backlog

La traduction de notre discovery en une spécification fonctionnelle 

Basé sur les user flows décrits précédemment, le backlog va regrouper toutes les fonctionnalités et user stories que nous avons définis lors de la phase de Discovery du projet. 

Sous forme de listing, nous allons décrire le plus précisément possible la manière dont nos utilisateurs vont interagir avec le produit. Cela permettra dans un premier temps de concevoir l’UX/UI, puis dans un second temps d’appuyer les maquettes et prototypes avec des spécifications fonctionnelles livrées aux développeurs. 

Le backlog est un également un outil utilisé dans la priorisation des fonctionnalités. Sur certains projets de conception, nous recommandons fortement à nos clients de commencer par développer un MVP pour rapidement confronter le produit à son marché. Cela sous-entend par contre un fort enjeu de priorisation.

Ici, le backlog nous permettra de définir nos critères de priorisation et ainsi de confronter chacune des fonctionnalités et user stories à nos critères de priorisation. 

La roadmap

Prioriser et planifier nos développements 

Définition Wikipédia de la roadmap : “Une roadmap est une représentation graphique simplifiée permettant de communiquer et de partager efficacement une intention stratégique afin de mobiliser, d’aligner et de coordonner les efforts des parties prenantes pour atteindre un ou plusieurs objectifs.

La roadmap va donc reprendre le contenu de notre backlog en regroupant, par sprints de développements, des ensembles de fonctionnalités et user stories. 

Les éléments définis comme prioritaires (must have selon la méthode MOSCOW) constituent donc le ou les premiers sprints de développements. Viendront ensuite, les fonctionnalités nice to have et enfin les could have. 

Notre roadmap sera donc un affichage en mode planning de nos différents sprints. Elle nous permettra de connaître les actions à mener à court, moyen et long terme. Elle permettra également d’avoir une vision claire sur l’état des lieux des développements en cours. 

Tout comme le backlog, la roadmap est un outil flexible qui est voué à évoluer régulièrement. En effet, à l’échelle d’une entreprise, les critères de priorisation peuvent être amenés à changer. Notre roadmap pourra donc s’adapter en fonction des besoins et opportunités que rencontrent nos clients. 

Nos experts

Jean-Baptiste Camus

Lead consultant

Cristina Gomes

Consultante produit