Nous nous sommes rendues avec Agathe (directrice artistique à l’agence Limpide) à la 3ème édition des Fubiz Talks jeudi 4 octobre à la Salle Pleyel, présenté par le journaliste Marc Beaugé. L’occasion d’assouvir notre curiosité, de découvrir divers créateurs et d’échapper à la la routine métro, boulot, dodo.

L’événement est organisé par l’agence TETRO et le média FUBIZ qu’on adore à l’agence. L’objectif ? Libérer la créativité et mettre en avant plusieurs disciplines créatives comme l’architecture, le graphisme, la photographie, la mode, la musique, la danse, le cinéma ou le design. 10 speakers nous ont permis de découvrir les coulisses de leurs démarches créatives et ainsi rendre visible l’invisible.

L’événement a débuté par un showcase du groupe de pop Yeast pour nous mettre à l’aise. On a tout de suite remarqué la scénographie soignée avec de grandes lettres F.U.B.I.Z T.A.L.K.S habillant l’espace.

On vous raconte notre coup de coeur, la conférence du Studio KO.

Studio KO, “On ne peut faire de l’architecture que par amour”

“Le meilleur pour la fin ?” Pas vraiment, pour nous ce Fubiz Talks a commencé très fort avec cette première conférence du Studio KO, composé des architectes Karl Fournier et Olivier Marty. Ils nous racontent le projet du musée Yves Saint Laurent près du Jardin de Majorelle à Marrakech, avec simplicité, passion et quelques anecdotes.

Quand Yves Saint Laurent a découvert Marrakech en 1966, il a été tellement ému par la ville qu’il a immédiatement décidé d’acheter une maison ici, et est revenu régulièrement. Il me semble parfaitement naturel, 50 ans plus tard, de construire un musée dédié à son œuvre, si inspirée par ce pays.

Pierre Bergé, directeur de la Fondation Pierre Bergé et ancien compagnon d’Yves Saint Laurent.

Karl et Olivier insistent sur l’importance d’associer Pierre Bergé à la phase de conception, de croquis, de réflexion pour lui donner le sentiment agréable d’être associé au processus créatif. Ils tiennent à garder l’idée initiale intacte, un assemblage de cubes faisant apparaître un patio, mais ils sont quand même très ouverts à l’apport de collaborateurs tout au long du projet. Ils ont par exemple travaillé avec une célèbre maquettiste italienne.

Le bâtiment de 4000 m² est à l’image des créations d’YSL avec des courbes côtoyant des lignes droites, une succession de formes délicates. Les tons ocre et or de l’enveloppe en brique de l’édifice font penser à des modèles comme la veste camel emblématique imaginée dans les années 1960 par le créateur.

L’intérieur est en rupture avec l’extérieur avec des tons froids et des textures lisses, comme la doublure d’un vêtement. Rien n’est laissé au hasard, les architectes ont composé le bâtiment comme un couturier aurait composé son modèle.

L’exposition permanente de 400m² retrace l’immense carrière d’YSL, il y a aussi une salle d’exposition temporaire, un auditorium où sont proposés des projections, retransmissions ou autres événements, une boutique-librairie où on trouve des illustrations et un bon nombre d’ouvrages dédiés à l’œuvre d’Yves Saint Laurent et à la mode mais aussi un café-restaurant avec terrasse.

Il y a une vraie recherche de pérennité dans ce geste de création, et c’est réussi puisque le musée en à peine 1 an est devenu un lieu qui compte à Marrakech. La cours circulaire est devenue un “instagram spot”, le musée un emblème de carte postale.

Crédit image : studioko.fr

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Constance Guisset, « On ne naît pas designer, on le devient »

Au départ ingénieure, Constance Guisset décide de finalement mettre la création au coeur de sa vie et d’en faire son métier. Pour elle, quand on est designer on ne voit plus le monde comme on le voyait avant, on se demande sans cesse comment les objets ont été conçu et pourquoi.

Faire du design, c’est un processus itératif et ça nécessite d’être bien entouré pour partager des idées. Par exemple pour penser une chaise, il faut compter 2/3 ans, c’est beaucoup de dessins, de maquettes et de prototypes parfois à échelle 1. Et d’où vient l’inspiration ? « La création c’est comme un terreau qu’on va entretenir, on ne sait pas ce qui va pousser ». On comprend ici, qu’on a pas des idées sur commande, ce n’est pas si simple, d’ailleurs Constance Guisset nous raconte que la résolution de la créativité arrive souvent dans un état de détente. Faire du design c’est de la création mais aussi beaucoup de problèmes techniques “Je passe ma vie à m’adapter à la technique”. La designeuse nous présente sa lampe vertigo :

VERTIGO est une lampe déployant sa structure enveloppante pour former un espace d’intimité. Son extrême légèreté la rend mobile au gré des courants d’air. Allumée, ses fins rubans tracent un dessin ombré sur les murs alentours.

Crédit image : constanceguisset.com

Stéphane Ashpool, “Plus on est en couleurs, plus on est fantaisiste”

Pour la suite du Fubiz Talks, Stéphane Ashpool nous a fait une conférence des plus étonnante laissant place à une totale improvisation puisque c’est sa façon de travailler, à l’instinct. Leader du collectif Pain O Chokolat en 2005, créateur de la marque de prêt-à porter masculin Pigalle en 2008, il nous parle de sa vie de façon un peu décousue. On se demande même si ce n’est pas un one man show mais on passe un bon moment.

Entraîneur de basket à ses heures perdues, il nous raconte la naissance du terrain Pigalle BasketBall très coloré conçu avec le duo de graphistes Ill Studio. Stéphane, en collaboration avec Nike a convaincu la mairie de faire d’un parking entre deux immeubles un terrain de basket pour les jeunes du quartier car on manque d’espace à Paris.

Le créateur de mode nous raconte sa passion pour les couleurs, il porte d’ailleurs une veste à paillettes. Il aime cette sensation d’agréable que procurent les couleurs. “Plus on est en couleurs, plus on est fantaisiste, plus il se passe des choses, ceux qui s’habille toujours en noir devraient essayer !”

Puisqu’il a toujours eu envie d’aider son quartier, il se demande même s’il ne devrait pas devenir maire de son arrondissement, qui sait ? #Ashpool2020

Crédit image : volontiers.fr

Seb Lester, d’une chambre de geek à la NASA

Magicien des lettres, virtuose de la typo, reconnu par ses pairs et les marques comme par le grand public… Nous avons découvert Seb Lester, typographe anglais de génie, qui se qualifie lui-même de “nerd de la calligraphie”. Il nous raconte son parcours, avec beaucoup de pudeur et d’humour typiquement british.

Après plusieurs travaux typographiques parus notamment dans le New York Times ou encore le magazine Rolling Stone, Seb Lester créé la typographie “Neo Sans”, utilisée de façon officielle pour les JO de Vancouver, ainsi que la “Soho” utilisée dans la revue GQ. Mais c’est lorsqu’il commence à faire de la calligraphie seul dans sa chambre et se force à publier de petites vidéos sur les réseaux sociaux qu’il connaît un gros succès chez le grand public. Les vidéos dépassent le million de vues, propulsant la calligraphie à l’ère d’internet. La consécration arrive en 2015 lorsque la BBC le qualifie de “Banksy de la calligraphie”.

Comme il le dit, son rêve se réalise en 2014 lorsque la NASA le contacte pour une commande de logo pour la mission SWOT, suite à une interview donnée au magazine “Salon” où il parle de son rêve de réaliser un logo pour la NASA. L’e-mail de la NASA s’affiche alors sur l’écran des Fubiz Talks, qui fait son petit effet dans la salle. Le dream job est décroché, l’effet boule de neige est en marche. Il rencontre ensuite J.J. Abrams (réalisateur de Star Wars), fan de son travail, qui lui propose de se rencontrer dans un restaurant fancy de Londres. “Et comme ci ça ne suffisait pas, Tony Blair était assis dans la salle” nous rapporte-t-il. Il travaillera par la suite avec Apple, qui lui commissionne des illustrations pour le lancement de l’iPad.

Que souhaite-t-il pour son futur ? “Je peux mourir tranquille” nous dit-il. En 2020, il ira observer le lancement de la fusée de la mission SWOT, avec son logo imprimé sur plusieurs mètres.
“Croyez en vous et en vos rêves” rajoute-t-il.
Crédit image, instagram : @seblester

Ces conférences étaient vraiment enrichissantes, on aurait aimé écouter aussi un créateur de notre secteur d’activité, le digital ! On vous invite à consulter nos articles sur les inspirations webdesign.